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Dans l’Aube, 17 millions d’euros ont été distribués aux entreprises en 2013 en crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE). Dans un département où le chômage a bondi de 8,3 % en un an. Trois illustrations d’un scandale.

Troyes (Aube), envoyée spéciale. "Quand la nation, à travers le Parlement, consent et va consentir un effort de 40 milliards d’euros pour les entreprises, pour la compétitivité, pour baisser la fi scalité et pour baisser les charges, chacun doit être à la hauteur de ses responsabilités", a lancé, hier, Manuel Valls à l’attention du Medef. Un formidable jeu de rôle où, face aux caprices du patronat, un premier ministre tape du poing sur la table, renvoyant l’échec de sa politique à la simple mauvaise volonté des grands patrons. Pourtant, il y a un mois, le même assurait que le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), dispositif clé du pacte, produisait « des résultats ». L’obligation de transparence était pourtant la seule contrainte de ce chèque versé aux entreprises. Même cette promesse, inscrite dans la loi, n’est pas respectée. Dans les préfectures, c’est le silence absolu. Pas un seul bilan n’est à ce jour publiquement disponible. Parfois, à force d’acharnement, les chi‡ res sortent et les exemples sont édifi ants.

Dans l’Aube, 17 millions d’euros ont été distribués aux entreprises en 2013 au titre du CICE. Soit la moitié du budget de l’action sociale du département, ou l’équivalent de 1 000 salariés payés au Smic durant une année. Dans un département où le chômage a bondi de 8,3 % en un an, cet argent public aurait-il servi à défendre ou créer des emplois ? Le sujet s’invite dans la campagne législative partielle qui aura lieu dimanche pour remplacer le député maire UMP de Troyes, François Baroin. « Trop d’entreprises qui empochent le magot ferment, délocalisent ou licencient, dénonce Pierre Mathieu, candidat du Front de gauche. Un véritable gâchis d’argent public qui nourrit le chômage et le pessimisme ambiant. » Les liquidateurs s’activent pour vendre l’usine à la découpe À une cinquantaine de kilomètres de Troyes, à Vendeuvre-sur-Barse, Francis Durand, ouvrier, délégué syndical CGT, travaillait chez Simpa. L’usine, leader français des vitres et portes PVC-bois, vient de fermer.

280 salariés n’y viendront plus, c’est désormais le chemin de Pôle emploi qu’ils doivent prendre. Lui n’a pas encore quitté l’usine, « nous, les syndicalistes, nous sommes les derniers à partir ». Alors il déambule dans les entrepôts, écoeuré, la rage au ventre : « Regardez, tout est prêt à redémarrer, les machines sont encore allumées. » Et pourtant, les liquidateurs s’activent pour constituer des lots et vendre l’usine à la découpe. Douze hectares, plusieurs ateliers « au top », un carnet de commandes de 3 millions d’euros. Incompréhensible. Pourtant, lorsqu’un patron prend les usines pour une salle de marché, le scénario est souvent le même.

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